Les entreprises et les secteurs d’activité ont des raisons différentes de s’engager dans la responsabilité sociale des entreprises. En pratique, de multiples motifs jouent toujours un rôle. Nous distinguons trois motifs principaux et examinons ce que cela signifie pour le diamant.
La responsabilité sociale de l’entreprise parce qu’elle rapporte
La responsabilité sociale des entreprises contribue à la performance financière des affaires, certainement à plus long terme. Parce que le marché va dans ce sens: la demande de produits et de services durables augmente en permanence. Plus de transparence au niveau de l’origine des matières premières peut donc être lucratif.
La responsabilité sociale des entreprises par obligation
Parfois, les entreprises sont contraintes à s’engager (d’avantage) dans la responsabilité sociale des entreprises, généralement sous la pression de grands acheteurs tels que le gouvernement ou des grandes entreprises. Ou en raison d’incidents tels que des boycotts de la part de consommateurs activistes, des scandales médiatiques ou même des grèves. Les entreprises qui ne respectent pas les normes sociales minimales perdent leur ‘licence (morale)’. Les entreprises qui travaillent socialement rencontrent peu ou prou de problèmes sur ce plan.
La responsabilité sociale de l’entreprise comme il se doit
Pas seulement des considérations financières ou des pressions externes jouent un rôle dans la responsabilité sociale des entreprises. Beaucoup d’entreprises le font parce qu’elles veulent mener les affaires de façon décente. Elles veulent contribuer à la société, traiter leur personnel de manière appropriée et ne pas trop solliciter l’environnement. Ces entreprises pratiquent la responsabilité sociale des entreprises parce qu’elles le jugent approprié.
Que signifie réellement la responsabilité sociale des entreprises pour l’industrie du diamant?
Les efforts pour plus de transparence croissent de façon constante et en fait c’est l’une des meilleures choses qui peut arriver à l’industrie du diamant. Parce que les efforts de responsabilité sociale des entreprises peuvent stimuler le secteur diamantaire. Ce surtout aux yeux des consommateurs et des banquiers, les deux parties prenantes avec lesquelles le diamant a eu à en découdre régulièrement ces dernières années.
Au cours des 12 derniers mois, nous avons vu surgir de plus en plus d’initiatives et d’efforts relatés à la ‘blockchain’ dans le secteur du diamant. Ces initiatives, de la part entre autre des sociétés bien connues et bien établies comme la De Beers, faciliteront la traçabilité des transactions diamantaires.
Les gouvernements redoublent également d’efforts pour accroître la transparence. Parfois, cela ressemble à un donnant-donnant. Un gouvernement est prêt à aider le secteur local du diamant, mais exige plus d’ouverture en retour. Un bon exemple en est l’accord récemment conclu en Israël: une modification du système fiscal avec, en échange, l’ouverture d’une ‘voie de divulgation’ qui permet aux négociants de diamants de rendre visibles des transactions précédemment ‘cachées’. Le gouvernement touche plus d’argent de la part des contribuables et les diamantaires concernés obtiennent de la tranquillité d’esprit. Ils n’ont plus à constamment regarder par-dessus leurs épaules, par inquiétude des lourdes pénalités et d’amendes s’ils étaient pris.
La responsabilité sociale des entreprises dans la bijouterie
Un certain nombre d’organisations sectorielles travaillent également à aboutir à plus de transparence dans le commerce de bijoux. Le RJC (Responsible Jewellery Council) est une organisation qui établit des normes pour l’achat de bijoux, mais également dans les domaines des droits de l’homme, des droits du travail, de l’environnement, des pratiques minières, de la ‘product disclosure’ et de nombreux autres domaines importants.
Il certifie les entreprises et les parties prenantes de l’industrie de la bijouterie pour s’assurer qu’elles répondent aux normes établies. Un exemple de la façon dont cette organisation offre plus de transparence est la norme de ‘chaîne de traçabilité’. Pour le platine et l’or, cela crée une chaîne de traçabilité pour les métaux précieux qui sont produits, traités et commercialisés de manière responsable dans les magasins. La certification est bien-entendu vérifiée par des tiers à chaque étape.
Ce système fonctionne bien. L’extraction de l’or, le raffinage et le commerce ont subi une transformation profonde au cours des dernières années. À l’heure actuelle, il existe des moyens de tracer l’or tout au long de la chaîne de valeur afin de garantir que l’or utilisé dans un bijou, que vous voyez dans un magasin, provient d’une source éthique.
Cette garantie ‘éthique’ entraîne une augmentation des ventes d’or et peut servir d’exemple pour le diamant. Parce que, dans ces conditions, ils peuvent être tracés et documentés de manière à ne pas nuire au commerce ou aux commerçants. Au contraire, cette garantie soutient les ventes en permettant aux consommateurs d’acheter des bijoux en or sans aucun souci. Cette initiative peut clairement constituer une bonne source d’inspiration pour le secteur diamantaire.
Le joaillier haut de gamme Chopard veut démontrer qu’il est possible d’appliquer et de mettre en œuvre des normes éthiques dans leur intégralité. La société s’est engagée à transférer ses achats d’or à 100% vers des sources éthiquement sûres. En juillet de cette année, ce sera le cas pour tout leur or. Leur manifeste dans ce domaine constitue une lecture intéréssante pour tous ceux qui s’intéressent à la responsabilité sociale des entreprises, car il indique clairement quelles obligations, dans le domaine de la durabilité et de la chaîne d’approvisionnement, doivent être prises en compte.
« Dans la mesure où nous sommes une entreprise familiale, l’éthique a toujours été une part importante de notre philosophie« , a expliqué Caroline Scheufele, coprésidente et directrice créative, au cours d’une conférence de presse au salon des montres et des bijoux Baselworld. « Le luxe n’est possible que si vous connaissez l’empreinte de votre chaîne d’approvisionnement. Je suis très fière de notre programme d’approvisionnement en or. »
La responsabilité sociale des entreprises dans l’industrie du diamant favorisera les relations avec les consommateurs et les banquiers
Si le secteur du diamant met en œuvre une méthode pour tracer correctement les diamants et démontrer aux consommateurs que les diamants respectent les normes éthiques à travers l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement, cela facilitera les choses pour les consommateurs qui s’inquiètent lors de l’achat de diamants.
De plus, si une telle initiative est adoptée, les banques auront également un moyen de s’assurer que les transactions diamantaires, tout au long de la chaîne de valeur, sont claires et conformes aux exigences du principe ‘Know Your Customer’. Cela leur permettra de financer l’industrie du diamant, sachant que les fonds qu’ils mettent à disposition ne sont pas utilisés à d’autres fins. Ce dernier problème est l’une des principales préoccupations des banques lorsqu’elles considèrent des facilités financières pour les négociants en diamants, les grossistes et les fabricants.
Que cela nous plaise ou non, nous devons utiliser les outils disponibles, ou même en créer de nouveaux, et ainsi trouver un moyen de créer plus de transparence dans le secteur du diamant. Je suis conscient que beaucoup de diamantaires en lisant ces lignes pensent: « Oui, mais … »
Car nous sommes très forts pour identifier pourquoi quelque chose ne fonctionnerait pas, pour découvrir des erreurs et des défauts dans toute solution avancée. Au cours de mes nombreuses années en affaires, j’ai appris que trouver et signaler des imperfections est facile, mais ne fait pas progresser l’activité commerciale. Afin de gagner de l’argent, également en tant qu’industrie, des décisions audacieuses s’imposent. Nous devons tous réfléchir aux risques ensemble, mais ne pas être paralysé par ceux-ci. Évaluer les risques, mais en même temps formuler des solutions! Continuer à réitérer nos vieilles habitudes, traditions et méthodes ne constitue pas une stratégie. L’espoir d’ailleurs non plus n’est pas une bonne stratégie.
La responsabilité sociale des entreprises aidera le secteur diamantaire à susciter une confiance renouvelée
Le secteur diamantaire a toujours un potentiel immense. C’est à nous de le réaliser. Cela nécessite une nouvelle vision sur le commerce des diamants. Une approche totalement nouvelle, basée sur un marché transparent afin de (regagner) la confiance et la compréhension de toutes les parties prenantes impliquées.
Cela signifie, entre autres, la divulgation plus claire des caractéristiques des diamants, y compris leur valeur et leur prix. Une information claire du consommateur au niveau de chaque paramètre d’un diamant est une nécessité pour obtenir la confiance maximale du consommateur.
La connaissance et l’information sont plus importantes que jamais, car la confiance est de plus en plus au cœur du commerce durable. En tant qu’industrie, nous avons besoin que les consommateurs et les banques sachent – pas croient, mais sachent vraiment – que nous agissons en totale conformité avec les normes éthiques et sociales les plus hautes.
Le monde doit se rendre compte que nous sommes transparents et n’essayons pas de d’éluder notre responsabilité sociale. Quand nous déclarons que nous sommes éthiques et que nous adoptons la transparence, nous devons le faire en toute bonne foi.
Attendu que la barre est plus haute dans ce domaine que par le passé, c’est seulement grâce à l’entrepreneuriat socialement responsable que l’industrie du diamant pourra continuer à prospérer dans les décennies à venir.